La Sombre

Connaissez vous le syndrome de la page blanche? Si je vous pose cette question, c'est pas pour vous dire que je le possède, mais si vous savez ce que c'est, vous devriez comprendre ce qu'est le syndrome de la page noir. Non? Je vais vous expliquez, le principe est assez simple, le blanc c'est lorsqu'on arrive pas à écrire, que ce petit caractère clignotant, attendant de pouvoir inscrire des lettres pour en faire des mots pour en faire une phrase, jusqu'ici, vous me suivez. Le noir, c'est le faite de transformer une page blanche, ce petit curseur ne cesse de bouger de gauche à droite pour passer à la ligne suivante et ainsi de suite jusqu'à recouvrir toute une page de noir. Je ne parle pas de la couleur des lettres, je parle de la couleur du sens qu'ils ont, c'est tout à fait différent, car je peux tout à fait écrire du noir dont le sens est blanc, signe de lumière, d'espoir, d'amour. *lâche un rictus* Veuillez m'excuser, mais cela me fait fort bien rire et puis, de vous à moi, je préfère ça plutôt que d'en pleurer, je l'ai déjà assez fait. Si je vous parle de ça, c'est que je ne sais écrire quoi que ce soit de blanc, mes mains sont peut-être d'ethnie blanche, mais mon cœur lui est d'un noir à en faire frissonner un membre du KKK ou en faire cuire une cuisse de poulet en hiver, dans les bois, sans feu.

Noir, tel est ma couleur, rassurez-vous je ne suis pas un bounty inversé, je parle d'un sombre triste. Mes mains traduisent cela, via cette page si pure et belle, elle n'en finira que dégoulinante de suie nauséabonde sortant tout droit d'une tombe de 22 ans. Il paraît qu'un homme possède un pouvoir étrange, c'est de transformer en or tout ce qu'il touche, pour ma part, ce n'est pas le cas, mais je possède bel et bien un pouvoir, ressemblant assez bien à ce dernier. Tout ce que je touche mue et se change en noir, regardez donc ce bel exemple de cette page, d'un blanc à s'en rendre aveugle, voulant me protéger de cette lumière jaillissante et blessante pour un homme des cavernes comme moi, via mon instinct de protection animalier, je cherche un moyen de me protéger, cela va de sois.

Ce qui est déconcertant, c'est la facilité que j'ai à tapoter sur mon clavier, clope au bec, Glen au gosier, pour détruite toute cette pureté, d'un coup de pichenette et tout s'en va dans le tréfonds abyssale, aussi facile que d'aspirer une poussière.  C'est même trop facile... Je n'ai plus goût à ça, même déblatérer mon ressentit m'ennuie, la seule chose qui me goûte, c'est cette bouteille qui me fixe chaque soir *la dé-bouchonne et se sert une main*. Je comprends pourquoi l'or attire, lorsque je regarde ce nectar, je n'ai qu'une envie, le garder pour moi et en avoir plus et encore plus, quitte à me mettre des gens à dos, quitte à en tuer d'autres, ou encore, moi.

Ce blanc m'irrite les yeux, j'ai besoin de me plonger dans le noir pour réhabituer ma vue à la Sombre, l'Hiver approche, la nuit longue aussi, cela fait déjà 2/3 de l'année que je n'ai plus vu le monde extérieur comme je l'entends, comme je le vois, comme je le comprends. Pour le moment, je n'ai qu'un endroit propre pour cette cure et cette machine n'y est pas autorisé, ce pourquoi je vous abandonne ici.
N'ayez crainte, je caresse la Sombre du bout des doigts comme si je l'avais dompté, bête très féroce, mais entre férocité, nous nous comprenons et nous nous aimons.